Publication
Mis à jour
24 septembre 2020
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LNC2

Nous préférons les bonnes nouvelles quand elles valident nos propres choix

On sait que la valeur des nouvelles informations influence l'apprentissage et la prise de décision : les bonnes nouvelles ont tendance à avoir plus de poids que les mauvaises. Toutefois, ce biais de valeur, aussi appelé « biais d’optimisme », pourrait refléter davantage qu’une simple préférence pour les événements positifs.

choixLes individus ont en effet tendance à traiter différemment les événements positifs lorsque ces événements sont les conséquences de leurs actions, relativement aux événements positifs qu’ils ne contrôlent pas. Ils auraient aussi tendance à se juger eux-mêmes au-dessus de la moyenne sur des traits positifs « contrôlables » (comme la ponctualité), mais pas sur des traits positifs « incontrôlables » (comme l’attirance physique). La contrôlabilité pourrait donc être un modulateur important du biais d’optimisme.

Dans des travaux publiés le 3 août 2020 dans la revue Nature Human Behaviour, une équipe de chercheurs dirigée par Valérian Chambon, chercheur CNRS à l’Institut Jean Nicod et Stefano Palminteri, chercheur INSERM au Laboratoire de Neurosciences Cognitives et Computationnelles, a testé cette hypothèse chez une centaine de participants dans quatre expériences distinctes. Chaque expérience manipulait la valeur de l’information reçue par le sujet ainsi que sa contrôlabilité : au cours de la tâche, le sujet pouvait ainsi recevoir des informations positives ou négatives (gagner ou perdre de l’argent), et ces informations étaient associées à des choix libres ou à des choix contraints par les expérimentateurs eux-mêmes (contrôlabilité).

Les résultats ont montré que les sujets accordaient plus de poids aux informations positives, mais seulement lorsque ces informations étaient la conséquence d’un choix délibéré. En revanche, lorsque l’information était la conséquence d’un choix contraint – c’est-à-dire un choix sur lequel le sujet n’avait aucun contrôle –, les sujets accordaient un poids identique aux informations négatives comme positives.

Plutôt qu’une simple préférence pour les événements positifs, le biais d’optimisme serait donc le cas particulier d’un biais plus général, appelé « biais de confirmation du choix » : les individus accorderaient un poids important aux événements positifs qui résultent d’un choix délibéré, tandis que les événements indépendants de leurs choix seraient traités de manière impartiale, c’est-à-dire sans considération pour leur valeur.

A l’aide de simulations numériques, les auteurs de l’étude ont également montré que ce biais de confirmation maximisait les performances d’agents virtuels soumis aux mêmes tâches et réduisait la variabilité de leurs performances.

Le biais de confirmation pourrait donc être optimal, c’est-à-dire adapté à l’environnement naturel dans lequel notre système d’apprentissage a évolué. Selon Valérian Chambon, « accorder un poids plus important aux événements positifs, seulement lorsqu’ils sont le résultat de votre action, conduit en effet à renforcer les actions les plus à même de satisfaire les besoins de l’individu ». Ces résultats supporteraient l’hypothèse selon laquelle les individus interprètent différemment les événements selon le niveau de contrôlabilité perçu de leur environnement. Ils jettent ainsi un éclairage nouveau sur les rapports entre cognition et environnement, tout en suggérant de nouvelles pistes pour l’étude des troubles associés à des expériences de contrôle anormales – tels le réalisme dépressif, le syndrome d’influence ou l’impuissance acquise. 

PLUS D'INFO

Chambon, V., Thero, H., Vidal, M., Vandendriessche, H., Haggard, P. & Palminteri, S. (2020). Information about action outcomes differentially affects learning from self-determined versus imposed choices. Nature Human Behaviour. doi:10.1038/s41562-020-0919-5

Contacts : 
Valerian Chambon - valerian.chambon@gmail.com
Stefano Palminteri - stefano.palminteri@gmail.com