Native de Lyon, Sophie Bavard a grandi à Cestas en région bordelaise, au sein d’une famille de scientifiques. Son père est chercheur, sa mère professeur de mathématiques. Ils lui transmettent dès son plus jeune âge le goût des sciences qui ne cessera de grandir, au point de la guider tout naturellement sur la voie de la recherche. Elle obtient une licence en mathématiques fondamentales et une maîtrise en neurosciences cellulaires à l'Université Pierre et Marie Curie (Paris 6), ainsi qu'un doctorat en neurosciences computationnelles à l'École normale supérieure où elle a travaillé sous la direction de  Stefano Palminteri (https://sites.google.com/site/stefanopalminteri/home)au sein de l’équipe Human Reinforcement Learning au Laboratoire de Neurosciences Cognitives et Computationnelles. Elle vient tout juste de commencer un post-doctorat dans le laboratoire de Sebastian Gluth, à Hambourg en Allemagne, pour travailler sur un aspect social de la prise de décision. 

Au fil de son parcours, Sophie Bavard prend conscience de la place des femmes dans la recherche. « J’ai découvert un environnement où les femmes sont fortement sous-représentées. » La bienveillance de son entourage la porte, lui donne confiance et lui permet d’avancer. « Le soutien de ma famille, les encouragements de mes proches et la solidarité des mes collègues, sont des aides précieuses pour supporter les situations où je suis dévaluée à cause de mon genre. »

La valorisation des chercheuses pour une recherche de qualité et un monde plus inclusif

Sophie Bavard est fière de figurer parmi les lauréates du prix « Jeunes talents France » 2021 L'Oréal-UNESCO du programme « Pour les Femmes et la Science ». Ce qui la touche avant tout, c’est la démarche de valorisation des femmes dans la science dans laquelle ce programme s’inscrit. « Aujourd’hui, les femmes sont encore trop peu représentées dans le monde scientifique ; pour faire évoluer les chiffres, cela passe aussi par la mise en avant des femmes de science, comme le propose ce programme. A un niveau plus personnel, ajoute-t-elle,  je suis très fière d’être lauréate cette année. Cela me permettra de développer certains outils dans ma recherche, et cela témoignera de mon engagement pour les femmes dans la science. »

La jeune chercheuse se reconnaît dans ce combat pour un monde inclusif, sans discrimination basée sur le genre et rappelle qu’une recherche de qualité ne peut se faire sans la contribution des femmes. « Les femmes ont le pouvoir de contribuer à notre quotidien au même titre que les hommes : la recherche doit être faite avec les femmes. L’impact apporté par les femmes de science est d’avoir un autre regard, un point de vue différent. Il y a encore trop de domaines où tout a été conçu par et pour des hommes : de la sécurité en voiture qui est élaborée avec des crash-tests sur des mannequins parfois uniquement aux dimensions d’un homme moyen (pour l’anecdote, la première victime d’un accident de la route était une femme… scientifique), aux traitements de maladies testés sur des cohortes exclusivement masculines. J’imagine que s’il y avait eu plus de femmes dans les réunions au moment de prendre ces décisions, il en aurait été autrement. D’ailleurs, ceci est valable pour d’autres minorités. »

Encourager les jeunes filles qui souhaitent se diriger dans une carrière scientifique 

Sophie Bavard est optimiste, même si elle trouve que la situation évolue lentement. « Les chiffres montrent que la route est encore longue ! Il n’y a qu’à regarder les prix Nobel de cette année dans les 3 catégories scientifiques : 8 hommes, 0 femme. » Elle salue les initiatives comme les programmes L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science qui permettent de mettre la lumière sur ces inégalités et qui contribuent à encourager les jeunes femmes scientifiques à se lancer. « C’est un bon moyen de faire prendre conscience du problème, de faire prendre des mesures pertinentes, et surtout de faire évoluer les mentalités. » 

Aux jeunes filles qui souhaitent devenir chercheuses, Sophie Bavard conseille « de s’entourer des bonnes personnes : garder près de soi les personnes qui nous encouragent ! Si possible, essayer de reconnaitre les critiques constructives et ne pas s’attarder sur les remarques peu pertinentes. »